La pollution qui menace la Méditerranée

Le fléau de la pollution plastique en Méditerranée

 

Cette présentation est une synthèse du rapport sur la « Pollution plastique en Méditerranée. Sortons du piège ! » publiépar le WWF Initiative Marine Méditerranéenneen juin 2018. Elle a pour but de vous sensibiliser à la crise générée par le plastique en Méditerranée et plus généralement dans le monde.

Le plastique en Europe

L’Europe produit chaque année 60 millions de tonnes de plastique. Sur ces 60 millions presque la moitié (27 millions) fini à la poubelle chaque année. Cependant, seulement un tiers de ces déchets plastiques est recyclé, les deux autres tiers étant exportés, enfouis ou brûlés.

La part du plastique recyclé ne représente que 6 % de la demande en plastique en Europe.

Cette production de plastique représente à elle seule pour l’Europe 4 à 6 % de sa consommation en pétrole et gaz.

Pour rappel le plastique n’est pas biodégradable. Il peut sous l’effet des UV du soleil, des vagues ou des vents se dégrader et disparaître de notre vue, cependant il ne disparaît pas totalement et devient alors ce qu’on appelle des micro-plastiques (taille < 5 mm). C’est sous cette forme que le plastique est le plus inquiétant en Méditerranée, atteignant des concentrations par endroit de l’une des 5 « îles de plastique ».

Le plastique en milieu marin

État des lieux

Les estimations actuelles indiquent que l’on trouve aujourd’hui plus de 150 millions de tonnes de plastique dans l’océan. D’ici à 2050, les océans pourraient contenir plus de plastique que de poissons (en poids)

La Méditerranée est la mer la polluée au monde par les plastiques qui représentent 95 % des déchets en haute mer, sur les fonds marins et sur les plages.

La Méditerranée ne représente que 0,8 % de la surface totale des océans mais concentre 7 % de tous les micro-plastiques de la planète. Cette concentration en micro-plastiques dépasse par endroit 1,25 millions de fragments par km², c’est presque 4 fois le niveau de concentration dans l’une des cinq « îles de plastique » .

Origines des déchets plastiques

Globalement 80 % des déchets plastiques en mer sont d’origines terrestre et 20 % sont de sources marines comme la pêche, l’aquaculture ou le transport maritime.

L’Europe rejette à elle seule chaque année entre 150 000 et 500 000 tonnes de macro-plastiques (>5mm) et entre 70 000 et 130 000 tonnes de micro-plastiques (<5 mm). La majorité de ces rejets se retrouve en mer Méditerranée.

La France a une grosse par de responsabilité dans cette pollution, elle est un des pays de Méditerranée qui déverse le plus de déchets plastiques dans la mer, chaque jour elle en déverse 66 tonnes via ses grandes villes et activités côtières, mais aussi via ses grands fleuves et rivières (exemple : le Rhône).

Une chose méconnue est l’origine des micro-plastiques. Ils sont créés dans un premier temps par la dégradation des macro-plastiques par les éléments (UV, vagues, vents). Les micro-plastiques sont aussi intentionnellement créés sous forme de nurdles (minuscules granulés utilisés dans la production du plastique) ou agents exfoliants et additifs pour savons, crèmes, gels et dentifrices. La majorité de ces micro-plastiques ne sont malheureusement pas retenus lors du traitement des eaux usées et finissent dans les rivières et les fleuves qui se déversent ensuite en mer.

Les impacts du plastique en mer Méditerranée

Impacts sur l’économie

Dans le monde les dommages globaux du plastique sur les écosystèmes marins sont estimés à un coût de 13 milliards de dollar par an. Cette perte financière cible le secteur de la pêche et le tourisme. En effet les pêcheurs sont impactés par une prise de poisson réduite et des dommages aux navires. Au niveau du tourisme cette perte financière est principalement due au découragement des visiteurs sur les plages et la côte polluée par les déchets plastiques. A cela il faut rajouter les coûts d’entretiens des plages qui augmentent, par exemple, rien que la ville de Nice dépense 2 millions d’euros par an pour assurer le nettoyage de ses plages.

Au niveau Européen, il est estimé que le coût des déchets plastiques pour la flotte de pêche s’élève à 61,7 millions d’euros par an.

Impacts sur la biodiversité

Les impacts des déchets plastiques sur les espèces et les habitats en Méditerranée sont nombreux. C’est une vraie menace pour la biodiversité.

À l’échelle mondiale 700 espèces marines sont directement menacées par le plastique. Par exemple la tortue caouanne (Caretta caretta) qui confond les sacs plastiques avec les méduses.

Au total, 344 espèces ont été retrouvées piégées dans des objets en plastique. En Méditerranée, les principales victimes sont les oiseaux (35 %), les poissons (27 %), les invertébrés (20 %), les mammifères marins (13 %) et les tortues marines. Le plastique peut causer des blessures, des lésions et des déformations (y compris pendant la croissance) et rendre les animaux incapables de bouger et d’échapper à des prédateurs, de nager et de se nourrir, engendrant des conséquences presque toujours fatales : les animaux meurent de faim, se noient ou deviennent des proies faciles. 65 % des animaux pris au piège en Méditerranée le sont à cause de lignes de pêche. De manière générale, tous les éléments constituant du matériel de pêche qui sont abandonnés, perdus ou jetés en mer (lignes, filets, pièges) causent des dommages à la faune, piégeant et tuant les poissons et autres animaux marins Ce phénomène étant connu sous le nom de « pêche fantôme ». Même le phoque moine, très rare, fait partie des victimes des filets fantômes.

La situation des oiseaux marins dans le monde est préoccupante, 90 % de ceux-ci ont des fragments de plastiques dans leur estomac, pouvant provoquer des lésions, pouvant obstruer leur estomac et empêchant donc leur alimentation.

  

Les micro-plastiques ont la faculté d’adsorber à leur surface un grand nombre de micro-polluants comme des pesticides ou des métaux lourds. Ces micro-plastiques joue alors le rôle de concentrateur de ces micro-polluants. Cette concentration peut être un million de fois supérieure à celle naturellement présente dans le milieu marin. L’impact sur les organismes marins est donc important.

Ces substances peuvent provoquer des cancers, des mutations génétiques ainsi que des effets néfastes sur la reproduction (impactant donc la variabilité de l’espèce).

Enfin les déchets plastiques ne concentrent pas que des substances chimiques mais peut aussi servir de substrats pour de nombreux organismes (bactéries, algues, éponges...) et ainsi favorise leur développement. Les déchets plastiques peuvent donc devenir vecteur d’espèces exotiques ou de maladies menaçant alors la biodiversité mais aussi l’Homme.

 

 Des solutions existent pour réduire cette pollution

Tout le monde peut agir pour réduire cette pollution plastique en Méditerranée :

Choisir, dans la mesure du possible, des produits à base de matériaux biodégradables ou recyclés plutôt que de plastique : du fil dentaire biodégradable plutôt que du nylon ; des peignes ou des pinces à linge en bois ; des éponges en cellulose ; des assiettes, bols et tasses en céramique ; des bouteilles en verre ; des serviettes en coton ; des tapis de yoga en fibre de bambou.

Éviter les produits jetables : préférer, par exemple, les brosses à dents ou les rasoirs à tête remplaçable ; ne pas utiliser ces objets s’ils sont en plastique : pailles, sacs à provisions, bouteilles d’eau, vaisselle et couverts, cotons-tiges, stylos et briquets.

Stocker les aliments autrement que dans des récipients en plastique : remplacer les sacs, les récipients et les films plastiques par du verre, un matériau inerte qui, contrairement au plastique, ne libère aucun contaminant.

Éviter les savons et les produits cosmétiques qui contiennent des micro-plastiques: regarder si les ingrédients contiennent du polyéthylène, du polypropylène ou du polychlorure de vinyle - ce sont tous des formes de plastique.

Acheter des produits non emballés : acheter des fruits, des légumes, du fromage, de la viande, du poisson et d’autres produits alimentaires vendus en vrac/au poids, et des détergents dans des contenants à réutiliser afin de minimiser l’emballage.

Prêter attention aux procédures de gestion des déchets et de recyclage dans sa ville ou communauté et recycler autant que possible.

S’engager avec les magasins, les supermarchés et sa municipalité pour réduire d’urgence les matières plastiques inutiles, promouvoir des alternatives durables, améliorer la gestion des déchets et investir dans le recyclage.

Être un citoyen responsable en évitant les articles en plastique à usage unique et en jetant tous ses déchets (mégots, emballages et jouets en plastique) de manière appropriée afin d’éviter la pollution des plages et de l’environnement.

Ne pas jeter de déchets dans la rue.

Ramasser les déchets trouvés par terre ou sur les plages.

 

Références bibliographiques

(1) ALESSI E, DI CARLO G, CAMPOGIANNI S, JEFFRIES B, 2018 - Pollution plastique en Méditerranée. Sortons du piège ! - WWF Initiative Marine Méditerranéenne 

(2) GLOVER-BONDEAUAnne-Sophie, janvier 2012, Les mégots : une dangereuse pollution, consulté le 03 juillet 2019, https://www.stop-tabac.ch/fr/les-megots-une-dangereuse-pollution