La posidonie, richesse de la Méditerranée

La Posidonie

Richesse de la Méditerranée

 

Cette présentation est une synthèse s'appuyant sur différentes sources ; cependant nous recommandons vivement le petit ouvrage d'Arnaud ABADIE et Sylvie GOBERT "La plante de la mer du milieu, la posidonie" pour une connaissance plus complete de l'espèce.

Posidonia oceanica (Linnaeus) Delile est une plante à fleur marine, ou magnoliophytes marines. Ces plantes vivent complètement immergés dans l’eau salée (ou saumâtre pour certaines, mais pas pour la posidonie), ancrées sur le substrat (sable, vase, roche…) et sont capables de croître et de se reproduire dans ces conditions. Les magnoliophytes marines ne sont pas des algues. Elles ne couvrent qu’une superficie évaluée à 0,5-0,6.106 km² des fonds marins du monde mais leur rôle dans la zone côtière est considérable. Les magnoliophytes peuvent former des herbiers monospécifiques (une seule espèce) ou poly spécifiques (plusieurs espèces) servant d’habitats pour de nombreuses espèces de la flore et de la faune marine. Il existe dans le monde une soixantaine d’espèces de magnoliophytes marines réparties sur les côtes, des pôles à l’équateur.
Posidonia oceanica est une espèce endémique de la méditerranée, c’est-à-dire qu’elle est présente naturellement et exclusivement dans une région géographique délimitée (dans notre cas la méditerranée). Les herbiers actuels sont installés sur le littoral méditerranéen depuis 8000 à 9000 ans. Le recouvrement de ces herbiers est estimé entre 25 000 et 50 000 km².

 Morphologie et biologie de la plante

Des feuilles rubanées (en moyenne 7) à insertion alterne distique regroupées en un faisceau. Ces feuilles servent principalement à la plante pour réaliser la photosynthèse. Ainsi en prélevant les nutriments (azote, phosphore, CO2…) présents dans l’eau ou dans les sédiments et grâce à la lumière du soleil (énergie), elle produit sa propre matière organique (autotrophie) et peut donc croître et se reproduire.

 Les rhizomes ne sont pas des racines mais plutôt des tiges souterraines (dans notre cas enfoui dans les sédiments) servant à la plante pour se fixer au substrat mais aussi servant d’expansion horizontal pour coloniser une plus grande surface (rhizomes plagiotropes). Certains types de rhizomes servent à l’élévation verticale pour éviter l’enfouissement (rhizomes orthotropes). Une autre fonction de ces rhizomes est le stockage de matière organique ou de nutriments.

Les racines sont portées par les rhizomes plagiotropes au niveau de « nœuds ». Elles servent à collecter les nutriments dans les sédiments et à fixer la plante dans ceux-ci.

Les fleurs servent à la reproduction sexuée de la plante.

Reproduction de la plante

La Posidonie peut se reproduire de deux façons, la première est une reproduction asexuée (ou végétative) qui permet à la plante de créer un « clone » via ces rhizomes plagiotropes ou par bouturage ; la seconde est une reproduction sexuée qui se fait grâce à la formation de fleurs (en octobre), ces fleurs sont fécondées via le milieu marin. Les fruits appelés, olive de mer, voient ainsi le jour et sont libérés dans l’eau.


Ces fruits sont transportés au gré des courants et des vagues et libèrent les graines une fois leur enveloppe déchirée. Ainsi, si les conditions sont favorables le fruit germera et donnera naissance à un nouvel individu. La reproduction sexuée permet le maintien de la diversité génétique de l’espèce, mais pour les herbiers de nos côtes occidentales elle se fait rarement, en effet il faut une année particulièrement chaude pour qu’elle fleurisse, à l’image de l’été 2018. Globalement ces deux modes de reproduction permettent aux herbiers de posidonie d’élargir leur  aire de répartition.

Les services écosystémiques de la plante

Les services écosystémiques rendus par les herbiers de P.oceanica sont nombreux.

Paturage et lieu de reproduction

La posidonie, de part sa grande production primaire et de son aire de répartition, fournit un habitat essentiel pour de nombreuses espèces de flore et de faune.

Dans un premier temps des algues (cyanobactéries, micro-algues, algues brunes, rouge et vertes) et animaux (filtreurs comme des hydrozoaires, bryozoaires...) vont utiliser les feuilles de posidonie comme substrat (flore et faune épiphyte).

Dans un second temps d’autres animaux (brouteurs comme les saupes, planctonophages) vont venir se nourrir de ces épiphytes et utiliser l’herbier comme abris ou comme zone de frayère et de nurserie (beaucoup d’espèces d’intérêts commerciales, passent un stade de leur vie dans les herbiers).

 

Les prédateurs sont attirés par ces brouteurs et planctonophages et peuvent utiliser eux aussi l’herbier comme abris ou zone de frayère/nurserie. Globalement l’herbier de posidonie abrite à lui seul 25 % des espèces marines de méditerranée, c’est un vrai réservoir de biodiversité qui ne représente que 1 à 2 % de la surface totale de la méditerranée.

 

 

Sur la dynamique marine

     La posidonie joue aussi un rôle dans la diminution de la vitesse des courants et de la houle grâce à la hauteur et la grande densité de faisceaux dans l’herbier. Ce phénomène favorise la décantation des particules minérales et organiques dans l’herbier (ainsi l’eau est clarifiée), il permet aussi de diminuer la force des tempêtes et ainsi protège les côtes de l’érosion.



    La sédimentation dans l’herbier oblige celui-ci à toujours se développer verticalement via ses rhizomes orthotropes pour ne pas se faire ensevelir, ainsi le mélange de rhizomes (vivants ou morts) et les sédiments forment ce qui est appelé la « matte », celle-ci peut atteindre plusieurs mètrent de hauteur selon l’âge de l’herbier en place. Cette matte permet le stockage du carbone organique pendant des millénaires et contribue ainsi fortement à la régulation du climat. Il est estimé que le flux total de carbone piégé par la plante correspond à entre 6 et 175 gC/m²/an. Cela correspond à 35 fois plus que la quantité stockée (pour une même surface) dans une forêt tropicale.

Sur nos plages

Quand la posidonie perd ses feuilles (comme beaucoup de plantes à fleur) elles forment au fond de l’eau ce qu’on appelle la litière, celle-ci, comme celle d’une forêt est une source de matière organique et un habitat pour de nombreux organismes. Cette litière peut être transporté loin de l’herbier, dans les profondeurs comme en surface sur les plages.


Les feuilles de posidonie échouées sur les plages peuvent former en se mélangeant au sable des empilements (ou « mille feuilles ») appelés « banquettes » (. Celles-ci offrent une protection pour la plage, en effet quand une tempête déferle, ce sont les banquettes de posidonie qui sont érodées et non la plage. Ainsi celle-ci est protégée de l’érosion et donc sa surface ne réduit pas, voir même dans certains cas augmente, car les feuilles empilées « arment » le sable. Outre son rôle de protection contre l’érosion, et du fait de sa forte teneur en matière organique et nutriments, la posidonie échouée sur les plages devient un habitat pour de nombreux organismes (petits insectes et autres invertébrés) dont les oiseaux et autres animaux se nourrissent. Plusieurs espèces d’oiseaux (gravelot à collier interrompu, sterne naine…) nichent dans les feuilles de posidonie échouées.

Enfin, le vent sèche et transporte une partie des feuilles en haut de plage. Elles deviennent ainsi, en ce dégradant, une source de nutriments pour les espèces de flore des sables littoraux et contribue donc à la formation et à la consolidation des dunes.

L'architecte du littoral

Construction de relief des cotes et absorption de CO2

Reglementation

Posidonia oceanica est une espèce protégée au niveau national (arrêté ministériel du 19 juillet 1988, JO du 9 août 1988 (3)), il est donc interdit en tout temps et sur tout le territoire national de détruire, de colporter, de mettre en vente, de vendre ou d'acheter et d'utiliser tout ou partie des spécimens sauvages de cette espèce qu’elle soit vivante ou morte.
La posidonie est aussi présente dans les listes citées dans les annexes sur les espèces strictement protégées de la convention de Berne et sur les espèces en danger ou menacé du protocole ASP/DB de la convention de Barcelone. Enfin les herbiers sont reconnus de la directive habitats relatif à la conservation des habitats naturels, de la faune et de la flore sauvage d’Europe (Natura 2000) (2).

Bibliographie

- (1) ABADIE A, GOBERT S, 2018 – La plante de la mer du milieu, la posidonie.
- (2) BOISLEUX Géraldine, PEAN Michel, HARMELIN Jean-Georges in : DORIS, 16/05/2017 : Posidonia oceanica (L.) Delile, https://doris.ffessm.fr/ref/specie/265
- (3) MINISTÈRE EN CHARGE DE L’ENVIRONNEMENT, 1988. Arrêté du 19 juillet 1988 relatif à la liste des espèces végétales marines protégées. JO du 9 août 1988.